• Dans le village, le quand dira-on allait bon train, il n’y avait pas que le docteur Melchior qui était visé par la vindicte public.


    Les mauvaises choses racontées par les uns ou les autres ont souvent des origines qui remontent à l’enfance, les surnoms et les moqueries s’inventent dans les cours de récréation.


     - «Bec d’anguille», personnage incontournable du village s’appelle Antoine.

    Le père Antoine est sec comme un vieux cep de vigne, s’exprimant difficilement, il ouvre plusieurs fois la bouche avant que ne sortent quelques sons.

    Cette infirmité dure depuis son adolescence. Les charentais rustres, sont en réalité des finauds. Ils ont l’œil acéré, l’esprit vif et sont fort porté sur la plaisanterie.

    Ils ont remarqué les lèvres arrondies en cul de poule qui s’ouvraient et se refermaient en attendant que l’idée émise par la cervelle se concrétisent en son audible.

    Il aurait pu être comparé à un poisson sorti de son aquarium, cherchant à retrouver sa respiration hors de l’eau. Un petit malin du village dont personne ne se souvient le surnomma  : « bec d’anguille ».

    Le temps passa, le Père Antoine était plus connu sous son sobriquet que sous son nom propre. Se voyant la risée de tous, il devint l’ennemi de guerre du genre humain et déclara la guerre à tout ce qui se trouvait sur son chemin. La pierre du champ, le chat qui s’aventurait sur ses terres, le chien qui aboyait à son approche, les oiseaux de proies qui planaient au dessus de sa tête, sa vielle jument qui n’en pouvait plus, et même sa vielle femme qui resta toute sa vie rien que sa servante…

    Il ne faisait des « bulles » que pour lancer des anathèmes. Il s’enferma dans sa propriété comme dans un château fort, s’entoura de grilles et de barbelés, ne sortant que pour aller travailler à ses vignes qu’il soignait consciencieusement.

    Ce poisson ayant horreur de l’eau, il buvait en solitaire. Seuls quelques privilégiés pouvant s’enhardir sur ces terres, étaient quelques fois invités à boire un coup.

    Il fallait goûter les différents crus dans un verre plus ou moins crasseux, rincé au robinet de la barrique, et subir, pour finir, le coup de grâce du cognac de la maison, chargé d’éliminer définitivement les microbes.

    La tête enfumée, on pouvait alors faire un chorus avec Antoine sur la bêtise et la méchanceté de tout un chacun.

    Sa propriété qui s’ouvrait ou plutôt se fermait par une belle grille en fer forgé à la peinture disparue, érodée par le temps donnait sur la rue principale du village qui descendait en pente douce vers une jolie rivière en franchissant un pont qu’il avait barricadé afin que nul ne puisse le franchir.

    Le chemin qui suivait serpentait à travers les jardins. Ce chemin , à ses dires, lui appartenait aussi, mais il était libre et les propriétaires jardiniers avaient droit de passage afin d’accéder à leuurs asperges, leurs carottes,  leurs poireaux et autres salades que chacun cultivait avec amour.

    Le père Valentin était propriétaire d’un de ces jardins mais ennemi juré de bec d’anguille et celui-ci le lui rendait bien, les deux compères ne manquaient pas d’échanger des propos amères s’ils leur arrivaient de se croiser.

    Voilà qu’un matin, décidant de planter des arbres, Valentin les chargea sur sa charrette et se rendit à son jardin. Il prit le temps de discuter avec son voisin avant de décharger, ce que voyant Antoine, il décida de lui poser quelques problèmes.

    Il attela cocotte, franchit le pont et  se pointa sur son chemin:
     - « Faut que tu dégages d’ici à ct’heure, t’y vois pas que tu bouches le passage
     - Du calme le Père lui rétorqua le Père Valentin,il faut d’abord que je décharge ma charrette.
    - O y a oun’ bon'heure qu’t’es là feignant, tu la déchargeras ben tout à l’heur, fait reculer ta bourrique bon diou, il faut quejpasse.
    - La colère lui montant au nez Valentin s'écria J’t’emmerd’vieux con  ! T’attendras qu’j’ai fini  !
    - AH bon beh on va voueir çà, J’vas la faire reculer ta bourriqu’ moer, tu vas vouer  !
    Et ,dressé sur sa charrette, bec d’anguille bloque le frein en tournant rapidement la manivelle à portée de sa main, les mâchoires de bois enserrent la roue qui se bloque aussitôt.

    Il tire sur le mors de l’animal lui faisant se redresser la tête vers le haut, le regard apeuré par la douleur, mais la croupe ferme. La pauvre bête immobilise, la charrette en travers du chemin.

    Tout passage est devenu désormais impossible. Le Père Antoine se saisit de son fouet par dessus sa vielle jument, en essayant de frapper le cheval ennemi.

    Voyant celà, Valentin ne fait qu‘ un bond sur sa charrette, arrache son fouet de son support et le faisant tournoyer au-dessus de sa tête, le détendit, et d’un coup sec cingla en direction de l’adversaire qui vociférait «  fis de putain tu vas vouer  !  » et les joutes de tourner, de s’allonger, de claquer entre les deux hommes pieds écartés, chavirant de droite, de gauche, essayant de se déséquilibrer et fouaillant, tandis que les bonnes bêtes tête contre flanc, l’une près de l’autre, attendait patiemment la fin du combat.

    Le père André alerté par les cris et les claquements de fouet, se précipita muni d’une fourche afin de séparer les adversaires, essayant d’attraper les fouets qui s’emmêlaient et admonestant les combattants

    Arrêtez, ça va mal finir. Le plus intelligent se retirera le premier. Afin de les persuader, il ne cessait de dire, que le plus intelligent recule. Les épaules sans doute ankylosée, les deux adversaires finir par s’arrêter et le père Valentin consentit à reculer et à libérer le passage.

    Antoine n’eut pas la force de triompher et, ayant ouvert deux ou trois fois le bec se contenta, tel Ben-hur juché sur son char de sortir dignement de son chemin que le Père Valentin récupéra aussitôt.

    André l’aida à décharger ses arbres. Il le complimenta pour avoir eu l’intelligence de céder devant la bêtise de son adversaire et ils allèrent tous les deux arroser l’événement au bistrot de la place. Mais au fure et à mesure que les petit verres se vidaient le combat devint la légende des siècles.

    Dans les bois des sous-verts, une autre histoire ne tarda pas à défrayer la chronique locale.

    Dans les années 20, la belle Marthe habitait seule une maison isolée en dehors du village. Elle était pieuse, célibataire, courageuse et se rendait à la messe tous les matins.

    Jeune et jolie, elle était courtisés par tous les gars du village mais aucun ne lui plaisait vraiment. Quelques années plus tard, le père Naud, le curé du village depuis de longues années tomba malade et du être hospitalisé.

    Pour le remplacer, l’Archevêché de La Rochelle envoya un jeune prêtre, beau comme un dieu, l’œil noir, la mèche impeccable descendant sur le front, la raie bien faite et les cheveux plaqués.

    Il était beau dans sa soutane neuve impeccablement repassée, son col empesé et ses souliers de cuir astiqués selon des méthodes très secrètes apprises au petit séminaire.

    Que se passa-t-il dans le regard du jeune prêtre et de la belle ingénue  ?

    Toujours est-il que le village remarqua bien vite des visites hors normes et de plus en plus fréquentes au presbytère, après la messe, le dimanche après-midi et tous les autres jours de la belle jeune femme.

    Les vieilles bigotes interrogèrent la bonne du curé Mme Joseph, qui ne voulait rien voir de mal dans les rapports peu ecclésiastiques entre les deux sujets de dieu.

    Quand l’embonpoint de la belle s’enfla par le devant nul ne douta que le Saint Esprit ne pouvait quand même pas réaliser deux fois les mêmes miracles.

    Pris de panique, les deux tourtereaux allèrent se cacher dans une cabane au fond des bois. Ils y vivèrent un grand amour. Le Père Colboque choisit  de quitter la soutane et le village fut à nouveau privé de prêtre.

    Le couple ne fréquentait personne, il vivait en autarcie, cultivant un lopin de terre, avec quelques chiens, poules et lapins. Un beau jour, un garçon naquit. C’était le fruit de leur grand amour, né dans le pêché mais protégé quand même par l’église.

    Elle pardonna, le village pardonna, seules quelques grenouilles de bénitier murmuraient derrière les rideaux tirés sur le passage de la petite  famille.

    Ils auraient pu venir s’installer  dans la vie villageoise, mais ils préféraient  le calme et la solitude de la mère nature.

    Au milieu des  bouquins poussiéreux qui  garnissaient les étagères rustiques fixées  au mur blanchis par la  chaux, le temps passa. La jeune compagne devint  peu à peu une jeune  femme mure mais le Père Colloque tomba gravement malade.

    Dieu qui n’abandonne jamais les siens, le rappela à lui et la Mère Colloque se retrouva seule dans sa vieille maison,  démunie de ressources mais vaillante et décidée.

    Elle s’occupa du potager, du verger,  de ses bêtes, travaillant pour deux et alla au village vendre ses productions. Le boucher, l’épicier, l’instituteur,  le préposé au poste, tous étaient devenus de bons clients qui appréciaent ses produits.

    Elle leur proposit ses fromages, ses asperges, ses œufs, ses salades et l’hiver quand tout se tarit,  elle récoltait les premiers pissenlits,  les premières doucettes, prêtant ses livres, offrant ses conseils et prêchant la bonne parole. 

     - »tout se soigne avec les plantes disait elle ». La nature donne tout ce dont  nous avons besoin, il suffit de bien choisir. Les fleurs de violettes agissent contre la toux, les fleurs de sureau pour garder l’œil vif, le tilleul pour bien dormir.

    Elle apportait des mélanges de plantes médicinales aux uns et aux autres, expliquant longuement leurs  propriétés, leur emploi ou leur utilisation.

    Comment faire une infusion, une décoction, le moment  où il convenait de les prendre… Elle  soufflait sur les brûlures, posait la main sur les douleurs, marmonnait quelques prières  et on était presque toujours guéri.

    Mais la mère  Colloque  vieillissait et ses vêtements avec elle. Elle lavait , ravaudait et restait toujours alerte. Elle déraillait un peu et on commençait  à la trouver bizarre.

    Les enfants s’enfuyaient  à sa vue  et on se demandait si des fois elle ne pouvait pas jeter des sorts. Mais, les maisons où elle allait régulièrement lui restaient  fidèles.

    On  lui  gardait une  part de gâteau, un petit morceau de  rôti.
     - « Tenez Madame Colloque  nous l’avons mis de  côté pour  vous , ça nous fait plaisir  ».

    Elle ne se faisait pas trop prié et payait d’un conseil ou d’une  histoire. Elle aimait raconter quelquefois la visite régulière de l’âme du père Colloque qui  veillait  sur sa compagne.

    La première fois qu’elle pris conscience de cette présence,  c’était un soir au  coin du feu,  maigre feu car elle n’avait que le bois  ramassé aux alentours.

    Elle pensait à son cher défunt quand elle vit une boule lumineuse extraordinairement bleue et brillante arriver près d'elle et s'immobiliser à quelques centimètres du sol.

    Elle se sentit  aussitôt baignée d'une chaleur pleine de douceur qui n’avait rien de  terrestre.

    La  boule  resta en sa compagnie au coin du feu et elle comprit qu’il était revenu près d‘ elle pour la protéger.

    Elle revit la petite boule bleue souvent  et au village on ne manquait pas de lui  demander.
     - «  L’avez-vous vu dernièrement,  »
     - «  Elle souriait  et répondait «  oui, il est venu  dimanche, ou il était là hier soir ou encore je sais qu'il viendra demain».
    On s’attristait pour elle quand elle répondait:
     - «  Non ça fait quelques jours, le temps me dure…. il est très occuppé la-haut avec tous les décès de ces derniers jours, mais je sais qu’il est bien où il est,  il me l’a dit  ».

    Bien sûr cela nous faisait sourire,  mais quelle belle leçon  d’amour dans ce souvenir allant au delà de la mort et cette façon de vivre une autre forme de couple.

    Si tout ceci était bien réel, quelle chance elle avait dans son malheur.

    Mais les visions de la mère  Colloque devinrent  contagieuses et d’autres se  vantèrent  bientôt  d’avoir vu les  petites boules lumineuses.

    Tout le village vécut cette période dans l’attente d’un miracle. C’était  devenu une  mode et chacun attendait la suite et tous attendaient le retour du Père Colloque.

    Pendant ce temps le fils  Colloque grandit, il apprit le métier de  charcutier. Il l'exerce encore aujourd’hui et il s'est marié à Renée la fille du capitaine des pompiers.

    Ils ont  trois  enfants très marqués par leur origine pécheresse. Les liens de la famille  Colloque et de l’ église sont restés difficiles. Mais, la  femme du  charcutier veille au grain.

    Issue d’une famille très croyante elle mit bon ordre à tout ça et tout le monde fut  baptisé  comme il se devait en temps  et en heure.

    Saucisse en fut l’héritier premier, il fut suivi un peu plus tard de Madeleine et Jeanne enfants studieuses et sages. Seul  Saucisse  vivait en polisson et ses notes à l’école s’en ressentaient lourdement.

    Il y a aussi l‘histoire du père Valentin. A 86 ans passés  il répugne toujours autant à nous parler de sa boule lumineuse. Il a eu deux enfants dont  Marie-Ange, une très belle femme qui épousa  André Apercé,  le boulanger du village. 

    Ils eurent deux enfants  dont Béatrice  surnommée  tapioca. A plus de 86 ans le Père Valentin  avait toujours l’esprit clair et l’œil vif et pensait que sa boule lumineuse aurait fait  perdre  son latin à plus d’un.

    Il ne raconta  son histoire que  bien plus tard  tant il avait peur  de passer pour un « con » ou un farfelu.

    C’était au début de l’hiver 39-40. Il faisait régulièrement le tour  de ses clients afin d’évaluer  les récoltes,  d’en fixer le prix pour l’année.

    Toutes  ces choses ne se faisaient pas au  cours d’une seule entrevue. On se revoyait plusieurs fois. Un soir il avait pris son vélo et  s’était dirigé vers la ferme du Père Mathieu afin de poursuivre les  négociations  entamées .

    Le père  Mathieu travaillait en famille avec sa femme, ses deux fils, sa brue et au besoin ses petits enfants qui l’aidaient à rentrer les vaches, les moutons et les cochons.

    Ils travaillaient dur  et on se couchait tard dans cette ferme. Il fallait  venir à l’heure du repas  pour pouvoir parler. La discussion s’était prolongée tard et le repas aussi et le Père  Valentin  pense qu'il était bien minuit quand il  quitta la ferme.

    Il  roulait tranquillement sur le sentier qui le menait en pente  douce  vers la petite rivière qu’il devait franchir. De  l’autre côté,  un petit pont de bois était bordé d’un petit bois de  bouleau.

    A cette  saison, ils ont perdu toutes leurs feuilles. Le père Valentin eut  tout  à coup une drôle  d’impression , comme  s’il était suivi. Il pédala plus vite et tourna la tête  pour voir si rien d’inquiétant ne se produisait.

    Il  n’était pas trouillard,  simplement fort en gueule,  toujours prêt à venir aux mains. Mécréant s’il en fut, il ne s’en laissait pas conter, il était toujours là présent quand il y avait des coups durs.

    Il regarda une  dernière fois derrière lui et aperçu une énorme boule, lumineuse  qui dévalait la pente. Elle débordait du sentier et le Père Valentin  estime qu’elle pouvait avoir 10 à 15 m de diamètre.

    Parfaitement ronde,  elle roulait sur le  sol comme l’aurait fait une énorme  boule de neige,  passant au  travers des arbres et des haies qui bordaient le chemin.

    Absolument terrifié, le  Père Valentin mit pieds à terre,  ne songeant même pas à fuir, courageux il voulait  faire face, pensant qu'elle lui voulait du mal. On disait tellement de choses...

    Un instant il crut à une farce. Il voulut en avoir  le cœur net. La boule le  rattrapa, l’enveloppa et il se trouva baigné par une lumière blanche, ni chaude, ni froide,  qui ne lui fit d’abord aucun effet.

    C’était immatériel, irréel, mais pourtant c'était vrai. Puis quelque  chose  monta en lui,  il se senti envahi de forces peu communes,  comme si la boule de lumière l’avait investi de pouvoirs  surnaturels.

    Durant un temps qui lui parut assez long il se trouva  au centre, prisonnier de cette boule puis , elle repartit,  continua de rouler  vers le petit bois, traversant  les troncs et les branches,  sautant  par dessus les fossés, mais gardant  toujours sa forme arrondie et lumineuse.

    Elle se perdit dans le lointain sans qu’il ait pu définir  ni où ni comment.

    Pétrifié, immobile,  subjugué, le Père Valentin resta un long moment sans comprendre.

    Il restait là bloqué, immobile, figé, observant l’horizon, attendant sans doute le retour du phénomène qui cette fois l’emporterait. Mais comme rien ne revenait, il retrouva peu à peu ses esprits, il se palpa et pensa même avoir  rêvé.

    Il était bien vivant, ramassa son vélo, remonta dessus et rentra à la maison. Il ne parla de son aventure à personne . Il avait peur des  colibets et se dit  que s'il racontait son secret, les gens du village penseraient  que ce soir là il avait trop  goûté et abusé des élixirs du père  Mathieu.

    Il se posa  quand même des questions. Deviendrait-il sujet à des hallucinations?

    La boule était t'elle le véhicule qui promenait l’esprit du père Colloque? Avait-il vu un miracle  ? Allait t'il lui aussi être rappelé par Dieu?

    Le Père Valentin eut même un moment  l’idée de  prendre l’habit et de se faire moine, mais le courage lui manqua.

    Une  chose est  sure, depuis ce jour-là, tout ce qu’il entreprit fut toujours réussi. Il devint très  rapidement un  conseiller très prisé et très écouté.

    C’était lui qui tranchait les cas  délicats. Les gens venaient de loin pour le consulter. Il était devenu le savoir  sans jamais l’avoir appris.

    Pendant plus de trente ans, il garda le  silence sur son aventure. Il refit le  chemin des centaines de fois, il veilla  à sa fenêtre des nuits  entières attendant le retour  hypothétique de la boule de lumière.

    La nuit, il en  rêvait, parfois dans son sommeil, il l’appelait  mais elle ne revint jamais. Un jour, il tomba malade, il crut qu’il allait mourir, on appela le prêtre pour l’extrême onction et devant la mort qui approchait  il fit venir sa fille Marie-Ange à son  chevet et il lui raconta le secret de sa boule lumineuse.

    Sa fille crut qu’il délirait, mais au fur et à mesure qu’il parlait, ses forces revinrent, le sang circula mieux  et au grand étonnement de son médecin et de Monsieur le Curé, la mort s’estompa  et la santé revint .

    Le Père  Valentin était sûr que son retour à la vie était l’œuvre de la boule lumineuse, mais  son secret était désormais percé. Peu à peu  tout le village fut au courant.

    Il y a aujourd’hui 45 ans que la boule a investi le corps du  Père  Valentin.

    Il  n’a toujours pas pu élucidé le mystère d’une grosse  boule et  d’une grande frayeur qui dépassèrent les limites du possible.

    Chaque famille à la  campagne a ses  secrets. Ils sont jalousement gardés.

    Quelques fois ils défraient la chronique. Les langues  prennent  alors le relais des faits et les  choses les plus anodines deviennent  parfois irracontables.

    Le temps a fuit le  temps, mais l’esprit est resté, et toutes ces histoires font partie des légendes de mon village  et de ses habitants.

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  • Fricassée de pintade  fermière aux écrevisses

    Difficulté
    Facile en une grosse heure.

    Courses pour 4 personnes
    Fricassée
        - Une pintade bien en chair,
        - 4 brins de thym,
        - 5 gousses d'ail roses,
        - 50 grammes de beurre,
        - 5 cl d'huile d'olive vierge,
        - 10 grammes de sel de cuisine.
        - 5 grammes de poivre noir en grains au moulin.

    Sauce volaille-écrevisses
        - 1 kg 500 de parures de volaille,
        - 16 têtes d'écrevisses,
        - 10 crabes verts,
        - 200 grammes d'échalotes grises,
        - 1 tête d'ail rose,
        - 1 cuillère soupe de concentré de tomate,
        - 2 tomates fraîches bien mûres.

    Finition
        - 20 cl de vin blanc,
        - 20 écrevisses pattes rouges,
        - 5 cl de cognac,
        - 50 grammes de crème fouettée,
        - 1 bouillon cube,
        - 5 cl d'huile d'olive vierge,
        - 10 grammes de sel de cuisine,
        - 5 grammes de poivre noir en grains au moulin.

    Recette
    Préparation et cuisson des écrevisses
    Retirer le petit intestin noir de l’écrevisse en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre, le dernier segment ou anneau qui lui sert de bout de queue.

    Le tirer ensuite en arrière, le boyau vient avec l’anneau. Attention, l’oublier donnerait beaucoup d’amertume à votre plat.

    C’est comme si oubliez le fiel d’un foie de volaille.

    Cuire 4 minutes les écrevisses dans une casserole avec 1 dl d'eau, sel et poivre.

    Les retirer lorsque la couleur est bien rouge.

    Décortiquer 16 queues d'écrevisses, réserver les queues et utiliser les têtes pour la sauce.

    Garder les 4 dernières entières pour la décoration.
     
    Préparation et cuisson des volailles
    Découper la pintade en huit morceaux et concasser les carcasses.

    Dans une cocotte, saisir chaque morceau de pintade à l'huile et au beurre avec l'ail et le thym.

    Retirer les blancs lorsqu'ils sont dorés, les réserver.

    Laisser encore cuire les cuisses 10 minutes.

    Les retirer.

    Les morceaux doivent avoir une belle couleur rousse.

    Ajouter les os concassées dans la cocotte et leur donner une jolie coloration.

    Ajouter les têtes d'écrevisses et les crabes.

    Cuire encore 5 minutes.

    Les égoutter pour enlever la graisse.

    Réserver.

    Toujours dans la même cocotte, faire revenir dans une toute petite noisette de beurre les échalotes et l'ail.

    Ajouter les os et crustacés caramélisés, flamber avec le Cognac.

    Ajouter le concentré de tomates, le vin blanc, 1 litre d'eau et le bouillon cube.

    Cuire à petit bouillon 45 minutes.

    Filtrer le jus.

    Réduire jusqu'à obtenir ½ litre de sauce.

    Lier avec 1 cuillère de maizena ou de fécule de maïs.
     
    Dressage et Finition
    Plonger les morceaux de pintade dans la sauce et cuire 2 minutes.

    Dresser dans un plat creux.

    Napper avec ¾ de la sauce.

    Décorer avec les 4 écrevisses entières.

    Ajouter dans le restant de la sauce les queues décortiquées et la crème fouettée.

    Ajouter dans le plat les queues d'écrevisses en essayant avec la sauce crémée de faire des tâches de couleurs.

     

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  • Melchior Prince du temps suite


    Le temps passa et deux générations se succédèrent. Il y a maintenant la télévision, et nous sommes allés sur la lune. Beaucoup d’anciens sont disparus, ou sont partis travailler ailleurs. Plus personne ne prête attention au docteur Melchior.

    Quelques fois, les paysans du village aux champs voient le dirigeable survoler les terres et disparaître derrière les hauts murs de la propriété.
    L’âne braille quand il aperçoit l’aéronef venant du ciel, on entend le ronronnement de son petit moteur à deux temps à cinq lieux à la ronde.

    Le soir au café, les copains se préviennent. Parfois, le garde champêtre l’annonce discrètement quand il bat le tambour… La vieille peur des représailles sans doute.

    Pendant le dîner, les pères disent aux enfants «  ne tournez pas autour du château, on a encore vu des fumées tout l’après-midi, on ne sait jamais  » et ils changent vite de sujet.

    Les enfants ont grandi dans la peur tyrannique du vieillard aux cheveux blancs. Mais ils ne le craignent plus, ils en ont tellement entendu parler, ils en discutent même entre eux à l’école.

    Certains, plus courageux s’aventurent jusqu’aux murs du château, mais jamais plus loin, ils sont inviolables, infranchissables, et la grille est toujours fermée à double tour.

    Derrière les murs, il y a trois gros chiens, des dogues allemands, c’est Monsieur Coulon le vétérinaire qui l’a dit  : il  les a soigné, il paraît qu’ils ont une gueule énorme.

    Toutes ces choses ne sont pas faites pour briser la glace. Il faudra bien qu’un jour les choses changent. Au carrefour de l’arbre liberté, la vieille Bugatti freine, vire et s’engouffre dans le chemin qui va tout droit à la grille principale.

    Le père Hillairet fronce les sourcils, tout en labourant, il réfléchit, il transpire à grosses gouttes, hissé sur son tracteur, arc bouté sur son volant noir et abruti par le bruit du moteur diesel, il arrive au bout du sillon, s’arrête, relève sa charrue par le mécanisme hydraulique, recule de trois mètres et repart en marche avant, après avoir rabaissé le socle au niveau du sol.

    Au premier tour de roue le soc métallique s’enfonce sur plus de quarante centimètres de profondeur. Le fer en ellipse fait se retourner la terre sur elle-même et laisse derrière lui un sillon profond.

    La terre ainsi labourée dans cette période de sécheresse respire mieux. Aux labours de novembre, les herbes enterrées font de l’humus, surtout s’il pleut. Elle sera plus riche l’année prochaine.

    Il tient toutes ces astuces de son père, qui les tenait lui-même du sien. A son époque, c’était un superbe percheron appeler Coquette qui tirait la charrue. Il fallait deux jours pour labourer.
    Le champ était beaucoup plus petit et entouré de « palisses ».

    J’adorais venir aux champs avec mon grand-père. Ce dernier m’apprenait plein de choses. Il n’aimait pas Mr le maire, ni son usine, et ses trois cents ouvriers et ouvrières.

    Il me disait qu’ils se faisaient exploités.
    A la période des labours, dès qu’il avait quitté la ferme des grands arbres, mon grand-père me laissait les guides et je menais Coquette.

    J’avais appris à claquer la langue pour mieux l’encourager. Une fois aux champs, je courais après les grenouilles, sur les bords de La Trésance.

    Ce petit ruisseau prend sa source près du cimetière et se perd vers le château d’eau. Dans les « palisses » qui bordent le champ, je courais après les sauterelles ou les papillons.
    Quand je les attrapais, je les mettais dans une grosse boite d’allumettes de sûreté, achetée au bureau de tabac, je perçais le dessus avec des ciseaux pour leur donner de l’air.

    Dans une autre, je mettais de superbes libellules au corps de fée et aux couleurs de rêve.

    De temps en temps, je les relâchais, après les avoir nourris avec de l’herbe ou des fleurs. Ma mère, parfois, en avait assez de voir ma chambre transformée en laboratoire d’élevage, plus ou moins appétissant à regarder.

    Elle ouvrait la fenêtre et relâchait tous mes pensionnaires, qui s’envolaient délivrés de la prison que je leur avait faite. Quand je m’en apercevais, je me fâchais en me promettant de mieux les cacher la prochaine fois. Mais ma mère découvrait toujours ma nouvelle cachette. Je devais à chaque fois redoubler d’ingéniosité.

    En été, je me gavais de mûres ou de noix sauvages enveloppées dans une coque verte, tachée de points noirs. Elles me jaunissaient les doigts.

    Je m’en barbouillais le visage de gourmandise. Quand je revenais à la maison, j’entends encore ma mère me dire  : «  On dirait le vieil esclave noir du château.  ».

    C’est ainsi que, dans le village, on appelait le chauffeur du docteur Melchior. J’avais tellement honte que je courais me débarbouiller.

    Trop petit pour atteindre l’évier, je montais sur un tabouret et je me mettais la tête sous l’eau froide. A l’époque, l’eau chaude n’existait pas au robinet. Il fallait utiliser la bouilloire qui chauffait toute la journée sur la cuisinière à bois.

    Elle marchait tout le temps, même l’été. Maman s’en servait pour faire sa cuisine. Elle prétendait qu’il n’y avait rien de meilleur que sa cuisinière.

    Papa lui aurait bien acheté un gaz, elle s’était butée et avait refusé. Elle ne voulait que sa cuisinière, un point c’est tout.

    Combien de fois ais-je perdu l’équilibre une fois grimpé sur le petit tabouret… Je me retrouvais sur le dos, les quatre fers en l’air, au beau milieu de la cuisine de maman.

    Tout en labourant, André se rappelait sa jeunesse, il lui semblait que c’était hier. Au bout du champ il recommence sa manœuvre et repart dans l’autre sens.

    Il fait chaud, le col de sa chemise est ouvert. Un poitrail recouvert de poils noirs cache une constitution musclée. Trente ans de champs en ont fait un costaud. Ses manches sont retroussées au-dessus du coude. Ses bras, ses mains, ses ongles sont noircis par la terre, ils sont halés par le soleil de septembre et de tout l’été.

    Au-dessus de la pliure de sa chemise, on aperçoit un muscle saillant, dont la blancheur rayée par une veinule ressortie, détone avec le bronzage naturel du à l’air du temps. Une vraie ligne de démarcation.

    Il reconnaît immédiatement la vielle Bugatti qui descend la côte, le dépasse et s’éloigne. Il entend le eau ronronnement régulier du 8 cylindres du moteur italien dont le bruit s’estompe en s’éloignant.

    En haussant les épaules, il pense  : « Mais quand sera-t-on débarrassé de ce vieux fou ?  ». Il n’est pas tout à fait désintéressé.

    Si le vieux docteur disparaissait ou partait ses terres seraient à vendre, qui donc d’autre que lui aurait les moyens de les racheter ?

    Il était bien le seul du canton à le pouvoir. Il ferait de la monoculture et triplerait sa production. Au prochain remembrement il s’arrangerait avec l’administration, quitte  à céder quelques arpents de terre à l’un ou à l’autre. Quand ils sont entre eux, ils trouvent toujours des solutions.

    Tout en réfléchissant, il termine son travail. Le champ est enfin labouré. Il s’arrête, descend du tracteur, nettoie le soc de la charrue avec un balai, puis il la remonte et regrimpe sur son siège.

    Il s’essuie le visage d’un revers de manche, laissant de larges taches de terre et de sueur sur le tissu déjà bien sali et enfonce sur sa tête un béret basque.

    Il a un pantalon treillis Kaki, qu’il a du acheter au stock américain. Dans ses pieds, il chausse de magnifiques rangers dignes des boys de la guerre du Vietnam.

    La guerre, il connaît bien c’est un ancien combattant. Il l’a faite en Algérie avec son meilleur copain Marco Pelletier. Durant vingt-quatre mois, ils ont essuyé le feu “des fellagas“.

    Beaucoup de ses copains de régiment sont tombés. Lui et Marco en sont revenus. C’est un coup de chance, leur dernière heure n’avait pas encore sonné. Mais que sont ils allés faire là-bas se dit il chaque jour en pensant à eux, car on n’oublie pas ces moments là.

    Depuis qu’il est démobilisé, il a gardé l’habitude des rangers et des treillis. C’est tellement plus pratique, plus viril. C’est dans cette tenue qu’un soir il a connu Germaine.

    Elle était en panne avec son aronde noire sur le bord de la route. Il s’est arrêté et l’a ramenée chez elle. Il l’a revue au foyer rural.

    Primo Largoni avec Bébert et son grand orchestre animaient le bal des anciens combattants.

    Un peu enivré par quelques coups de blanc, il l’a invité à danser. Ils dansaient bien les bougres. Depuis, ils ne se sont plus quitté.

    Les mauvaises langues, la vieille Louise et tante Eva la couturière, celle qui est bossue, ont raconté qu’ils avaient mis la charrue avant les bœufs.

    Germaine, la fille de Firmin accoucha d’un prématuré prénommé Pierrot. Il pesait 3,5 kg. Les choses se passaient ainsi à cette époque.

    Pierrot a grandi, il va à l’école. Il a commencé chez Mme Aurioux au cours préparatoire, puis est allé au cours élémentaire.

    L’année d’après, il passe chez Mme l’écuyer, la directrice, une femme de forte de constitution, bien en chair, elle est très sévère, mais juste et gentille dans le fond.

    Sa particularité, c’est le bonnet d’âne qu’elle n’omet pas de mettre, sur la tête de certains cancres lorsqu’ils vont au piquet . C’est l’époque des tours de cour, punition aussi bête qu’inutile qui durent toute la récréation. Les punis tournent autour des platanes, les uns derrière les autres, en silence.

    Pierrot se bat avec la géographie, l’histoire, la grammaire, les fractions sans oublier les règles d’orthographe de l’incontournable Bled.

    Il est maintenant chez Mr Basque et prépare son certificat d’études ensuite, il ira au lycée agricole de Saint-Jean d’Angély, à moins que…

    Il a maintenant douze ans. Il a aussi un petit frère de neuf ans, Marc, il a un sobriquet “Gros sel “. Le père Hillairet redémarre son tracteur et regagne le village en prenant la route suivie par la vieille Bugatti.

    A l’arbre de la liberté, il tourne à gauche, prend la route de la gare et descend vers l’école. C’est l’heure de la sortie de l’usine. Elle n’est pas loin.

    La plupart des employés s’y rendent en vélo, c’est plus pratique et c’est surtout très économique. Il reconnaît et salue Yvon Poirier, vacher à ses heures de loisirs, la famille Proust à deux sur une bicyclette, Jean Mériau le contremaître. En voilà un qui a bien réussi, il est parti de rien. Avec courage, il a su arriver à être parmi les responsables de l’usine. Il est encore jeune, il ira loin.

    Le père David, président du club de football, son épouse et bien d’autres le saluent respectueusement lui, le gros propriétaire. Les femmes rentrent directement à la maison, certaines passent par la coopérative ou l’union situées sur la place ou chez le père Hervé, le boucher charcutier, depuis bientôt trente ans.
    Elles font quelques emplettes pour le repas du soir. Les maris s’arrêtent au bureau de tabac pour acheter leurs cigarettes. Ils fument tous la même chose ou à peu près, des gauloises ou un paquet de gris puis, ils retournent sur la place du monument aux morts.

    Ils posent leur vélo, le long des vieux tilleuls et par petits groupes, discutent quelques minutes avant d’effectuer leur chemin de croix.

    Ils commencent au bar qui changea de nom au fil du temps et des propriétaires successifs, “Café Longeault “ “Café Lasnes“, et maintenant “Chez Denise“pour se terminer au café du commerce chez le Père Lachaume ici depuis plus de 30 ans. Il nous a tous vu naitre.

    Chacun a son itinéraire propre, mais tous, à un certain moment se retrouvent ou chez l’un, ou chez l’autre.

    Jojo Martineau l’électricien, échange d’interminable joutes au billard à 3 bandes, pendant que d’autres jouent au baby foot. Les plus anciens tapent le carton et se lancent dans de longues parties de belote.

    On entend coincher, couper, surcouper, atout, sans atout, capot, cinquante, carreaux et dix de der, enfin tout un lexique, que dis-je, un bréviaire de connaisseurs dans un brouhaha de paroles, de cris, d’alcool et de fumées de cigarettes, qui enivrent tout ce beau monde, jusqu’à la nuit tombante.

    Seul le tintement clair des pièces qui tombent dans la caisse du patron, tranche dans le bruit sourd d’un tumulte raisonnable.

    Vers vingt et une heures, chacun rentre chez soi pour la soupe, et pour s’intéresser un peu aux choses de la maison. Ainsi va la vie, et c’est dans cette ambiance surchauffée et enfumée que le père Hillairet arrive au café du commerce.

    Il est passé par la ferme, pour garer son tracteur dans la grange, puis est rentré chez lui. Germaine lui a préparé une chemise propre, repassée avec le vieux fer qui lui vient de sa mère, il a encore sa poignée en bois.

    Elle a du le faire transformer de 110 à 220 volts.  Certes, il n’est plus tout jeune, mais on est économe chez les Hillairet. Tous les après-midi, la grand-mère assise dans son fauteuil près de la fenêtre donnant sur le jardin tricote, raccommode les pantalons, les chemises ou les chaussettes.

    Tout est vérifié et remis en état. Pas un bouton ne manque, c’est la règle. Autrefois, on lavait le linge au lavoir, mais avec l’arrivée de l’eau courante, c’est terminé.

    Le père Hillairet a fait l’achat d’une machine à laver, d’un réfrigérateur et d’un congélateur. Il se lave les mains avec du savon de Marseille, c’est moins cher et meilleur, pense-t-il.

    Il se passe la serviette sur la figure pour se rafraîchir. De grosses tâches de terre et de sueur collées à sa peau la maculent de traînées noires, très sales identiques à celles de ses revers de manches.

    Quand Germaine verra ça, elle sera encore mécontente, pense-t-il. Il la repose toute mouillée et sale sur le bord de l’évier en pierre, enfile sa chemise et la rentre dans son pantalon.

    Il s’approche de la grand mère toujours en train de repriser et lui dit  : ‘Grand mère, si Germaine me cherche je suis au café du commerce avec les copains, j’ai rendez-vous avec Jojo.

    La Grand-mère
    Jojo Martineau, l’électricien.
    Oui, c’est lui.
    Dis lui de passer pour réparer la lumière de la cave.
    André
    Oui je vais essayer d’y penser.
    La Grand-mère
    André  !
    André
    Oui Grand-mère
    La Grand-Mère
    Fais attention ne bois pas de trop, ce n’est pas bon pour ce que tu as.
    André
    Ne vous en faites pas Gran-mère, je serai là pour les informations  ;
    La Grand-mère
    Oui, sois bien à l’heure, la soupe n’attend pas, je ne veux pas rater mon feuilleton de 20h30.
    André
    Mais c’est du cinéma.
    La Grand-mère    
    Peut-être ,mais j’aime bien.
    André
    D’accord Grand mère, à tout  à l’heure.
    Quand il fut parti la Grand-mère s’écria :
    « Ah ces foutus bonshommes, il n’y a que leur bistro qui compte, de mon temps…Elle bougonnait  tout le temps comme le font les vieux quand ils commencent à radoter, mais elle est si gentille comme toutes les grands mères, elle a le cœur sur la main et tout ce qu’elles font n’est plus à faire.
    Germaine entrant.
    « Maman qu’est ce qui ne va pas ?  »
    La Grand- mère
    «C’est André il est encore parti au café »
    Germaine
    «  Comme  tous les soirs maman, il ne peut pas s’en passer. Ce n’est pas bien grave il voit ses copains, je préfère ça que s’il courait le jupon et il travaille si dur  »
    La Grand- mère
    « taratata de mon temps, ton père,  mon Firmin !  ..
    Germaine
    «  Quoi Maman, Papa n’y allait pas au bistrot lui  !  »
    La Grand-mère
    «  Certainement pas.  »
    Germaine
    «  Tu as la mémoire courte, j’étais petite, mais je l’ai souvent entendu rentrer tard et il n’était pas toujours tout seul le père.

    Une fois pour les  conscrits je crois, tu l’as fait coucher dans la cuisine par terre ? Tu n’étais pas très contente  ce soir-là Maman  ;
    La Grand-mère n’insiste pas, se tait et commence à bouder, elle n’aime pas avoir  tord …
    Germaine
    «  Moi mon André, il est toujours rentré tout seul.  »
    Vexée, la grand-mère  s’installe dans un mutisme coléreux qui, durera au moins jusqu’au lendemain.

    Germaine repère  la serviette sur le bord de l'évier, pousse un soupir de  désapprobation et l’enferme dans un grand sac avec le linge sale de la semaine. Quel vieux cochon pense-t-elle.
    Puis, elle part vaquer à ses occupations ménagères car elle doit préparer le dîner.
    André Hillairet pousse la porte du café du commerce enfumé et salue la compagnie  .
    Il aperçoit jojo et lui tape sur l’épaule, celui-ci se retourne, lui serre la main .  «  Les enfants vont bien  », dit-il.
    André
    «  Oui et toi tout va  bien, comment va ta femme,
    Jojo
    «  Ca va, un peu fatigué, le boulot, les enfants, les soucis, les mauvais payeurs, les échéances, le banquier mais on s’arrange  »
    André
    «  Dis donc, Dojo  je n’ai plus de lumière dans la cave, tu peux passer demain  ?  »
    jojo
    «  oui, j’essaierai, sinon j’enverrai mon ouvrier.  »
    André
    «  Je l’aime bien ton ouvrier, mais je préfère quand c’est toi, j’ai plus confiance.
    Jojo
    «  Bon d’accord je ferai le maximum, mais si je ne peux pas je t’envoie Gérard , ne  m’en veux pas ».
    André sait bien que quand Jojo dit  cela, c’est qu’il  vient lui même et André est satisfait, merci Jojo.

    Jojo se penche sur le billard et enfile  bille en tête 12 points de suite et termine par un superbe rétro qui rend le regard admiratif de ses adversaires.

    André a déjà rejoint le bar, « un petit jaune  Marco » demande-t-il au patron. Il serre quelques mains,  et propose une tournée aux copains qui l’entourent.

    Tous  acceptent, fiers d’être invités par André, , on ne lui refuse pas un verre, surtout à lui le riche propriétaire. Dites moi, le vieux fou est revenu, quelqu’un a des nouvelles , je l’ai vu dans sa vieille bagnole, il descendait la côte de la  jarrie vers 17 heures

    Tout le monde hoche la tête d’un air  contrarié. Dites bien aux enfants de ne pas traîner vers le château, on ne sait jamais,  ce soir je téléphonerai au maire, au garde champêtre ainsi qu’au père Basque à l’école.
    «  Les chiens vont encore aboyer dit Marco, c’est la lune rousse dit Jean-Claude Mériaux, c’est toujours à cette époque qu’il fait du feu.
        «  Oh quand il est là, elles fument tout le temps dit Chouchou le frère de Madeleine  »
        «  Comment va Madeleine  ?  l’interrompt André.
        «  En pleine forme, dit Chouchou
        «  Et le magasin  ?
        «  Le magasin ça va ,ça vient, c’est dur  en ce moment, mais elle travaille seule, alors sans  charge elle s’en sort.
        « oui, dit André, avec ces  supermarchés  toutes les boutiques “crèvent“ et chacun continue de déblatérer sur les choses de la vie autour d’un verre et quelques brèves de comptoir.

    Tout y passe, les absents, la politique, les affaires, la presse. Tous à tour de rôle remettent leur tournée une, puis deux, puis trois, quatre, cinq, six pastis sont avalés avant la tournée de la patronne, puis deux, puis trois, quatre, cinq,  six pastis sont ingurgités  avant la tournée du patron.

    C’est ainsi chaque soir depuis 20 ans. À la minute près, les verres se  lèvent et s’entrechoquent et sont reposés sur le bar une fois vidés d’un seul trait. Les pièces tombent dans la caisse, elles pourraient presque remplacer le vieux carillon qui lui, s’est tu depuis longtemps.

    Mais il se fait tard, André regarde sa montre, il est 19h45, il salue, serre quelques mains, et règle ses consommations, il tape sur l’épaule de Jojo et quitte le café.

    En moins de cinq minutes il regagne sa ferme.  Elle  n’est pas très loin sur la route de Saint-Jean, en bordure de la route nationale  allant de Niort vers Saintes. Les derniers vacanciers, porte- bagages chargés de valises, se croisent sur la route pas très large

    A cette heure-ci, il vaut mieux marcher sur le trottoir, c’est moins dangereux se dit-il. En passant, il aperçoit quelques amis qui prennent le frais après avoir dîner. Un  chien se promène, solitaire Il fait  beau en France l’arrière-saison est toujours très belle pense-t’il.
    L’air est encore chaud. La nuit commence à tomber. Il passe  rapidement devant la marchande de journaux, Mme Jallet, le garage du fils Planty et la gendarmerie. Il tourne sous le porche de sa ferme et rentre  chez lui.

    Il a croisé le boucher et sa femme qui devisait  avec l’instituteur  et le secrétaire de mairie.
        « Bonsoir, leur dit-il, vous tombez bien, j’allais  vous appeler en rentrant.  »
        « Bonsoir André lui répondit le secrétaire de  mairie, que se passe t-il  ?
        « Pas grand-chose, mais j’ai croisé le  vieux fou dans sa limousine cet après-midi.
        « Merci, vous faites bien de nous le dire, j’aviserai le maire et le chef de la gendarmerie. Bonsoir. Il leur serre la main et continue  son  chemin.  Dès  qu’il a le dos  tourné, il n’entend pas le secrétaire de mairie  soupirer. « Il est bien gentil André, on entend plein de choses sur le docteur Melchior, mais il ne s’est jamais rien passé et les gendarmes en ont marre. Il faudra bien qu’un jour éclaircir cette histoire afin  que le village le laisse  vivre en paix. La seule chose qui l’intéresse c’est de récupérer ses terres. Il en fait donc un coupable…

    Mais un coupable de quoi, personne n’a pu le dire jusqu’ici et ils ont tous de la chance que le Docteur ne se fâchent pas. Avec ce qu’ils racontent tous, ils seraient condamnés par n’importe quel tribunal. Ce ne serait pas très malin et le village en souffrirait certainement.

    Le vieux docteur aurait certainement aimé entendre ces paroles réconfortantes ? Il aurait été très heureux. Il n’avait pas que des  ennemis parmi les villageois…

    André pousse le battant de sa porte d’entrée et pénètre chez lui. Il sent les bonnes odeurs de la soupe de Germaine. Il est de bonne humeur et  tout va bien.

    On mange  dit-il, j’ai grand faim. Il se lave les mains et s’assoit à table. Tout le monde le rejoint. La soupe est déjà là, sur la table, fumante déversant son fumet comme un appel à la dégustation. Dès  qu’elle l’a entendu arriver,  Germaine l’a posé au milieu de la table et découverte pour qu’elle refroidisse…

    André ne l’aime pas trop chaude, et elle sent si bon. Le soir, il est toujours à l’heure, il ne veut surtout pas  manquer les informations, qu’il ingurgite au rythme des lampées de soupe.

    Après en avoir repris une louche, il prend la bouteille de vin rouge par le  goulot il se verse un bon verre  dedans. Il mélange avec sa cuillère le potage et le vin puis il attrape  l’assiette  avec ses deux mains, la porte à sa bouche et avale son contenu dans un bruit d’aspiration à  faire fuir tout un régiment de jeunes nonnes.

    Il la repose bruyamment  avec un sentiment de satisfaction, ah c’est bon de faire chabro dit-il, en soufflant et en s’essuyant la moustache d’un revers  de main.
    « Prends ta serviette  André, pas devant les enfants »

    Il fronce les sourcils, un peu vexé de la réprimande.  Il attrape la serviette que lui tend Germaine et  s’essuie les mains  et la bouche, puis il la repose  à coté de son assiette pliée en deux.

    Il fouille dans sa poche, sort son couteau  et  l’ouvre. Il attrape la miche de pain de sa grosse main poilue, fait une croix dessous avec la pointe et coupe une tartine pour chacun.

    Au fur et à mesure, il tend à chacun la tranche blanche à moitié détachée du corps de la miche afin que tous en aient un morceau, puis s’adressant  à Germaine  :
        «  Tu as fait quoi ce soir pour dîner  ?
        «  J’ai fait un lapin à l’ail et des patates paysannes.
        «  Ah j’aime bien, c’est prêt  ?
        «  Oui j’amène le faitout. Prends le dessous de plat.

    Pierrot l’aîné et Gros sel  son petit frère sont en train de terminer leur soupe.

    La grand-mère est à table, mais ne mange pas. Elle avale simplement un bouillon de légumes et des caillebottes de sa fabrication. Elle attend  pour voir son feuilleton du soir.

    Depuis son altercation avec sa fille, elle n’a pas desserré  les dents. Germaine amène le plat , le pose, il fume, sent bon, l’atmosphère se détend aussitôt.

    Germaine est très  fière de sa cuisine. Elle les  nourrit bien ses hommes, elle les veut forts, costauds et intelligents  .
        «  Ah Germaine dit André  !  !  !
        «  Oui, André quelque chose  ne va pas  ?
        «  Le vieux fou est  de retour. Pas de promenade pour les enfants autour du château, il vaut mieux se méfier  ? Surveille les biens ces jours-ci.
        «  Mais ils n’y vont jamais, pourquoi  dis-tu  ça aujourd’hui. Ils préparent la kermesse avec Mr le curé. Ils ont  autre chose à faire .N’est-ce pas les enfants  ?
        «  Mais on n’y va jamais papa tu nous l’as  défendu.  »
        «  Je t’ai défendu aussi de fumer, mais le père Henry t’a vu une cigarette au bec, hier soir sur les bancs de la place de l’église.
    C’est pas vrai papa, c’était une cigarette en chocolat. Germaine
     Il a dit la vérité, c’est moi qui les lui avait acheté.
    André
    Toi, il faut toujours que tu prennes leur défense. Des cigarettes en chocolat  ! Ca leur apprendra  à fumer des vraies plus tard. Tu ne crois pas qu’ils ont le temps.
    Germaine
    « Je ne vois pas pourquoi je ne dirai pas la vérité. André »
    André
    « Ca va, ça va. Mais le père Henry n’est ni fou, ni sénile »
    Germaine
    « Il n’a qu’à se mêler d’élever ses gosses, pas les nôtres ».

    Les enfants plongent la tête dans leur assiette, il vaut mieux se taire dans ces moments-là…

    Le père attrape la louche en inox posée sur la table. Il se sert, rajoute du jus sur les patates et la tend à Germaine pour servir les autres. Il prend sa fourchette et  écrase les pommes de terre d’un geste puissant, pataud et gauche.

    Quelques morceaux éclaboussent la table et tombent à côté de l’assiette. Il les ramasse avec ses doigts et les avale. «  Ah  ! C’est bon dit-il.  »
    «  Cochon, lui dit Germaine, tu ne peux pas faire attention tu en mets partout. Va moins vite.
    «  Ce n’est pas grave, tu as mis une toile cirée.
    Germaine
    « Je ne mets plus les belles nappes, tu les tâches toutes ».
    Le père prend une tranche de pain, la rompt, la trempe dans la sauce, jusqu’à ce que la mie soit bien imbibée.
    Il la porte à sa bouche, dans un bruit suffisamment bruyant pour couper l’appétit à tout un régiment.

    Le jus coule sur son menton. Il s’essuie, prend sa fourchette d’une main, le pain de l’autre et attaque son assiette. Il est affalé au-dessus du plat, la tête va chercher la nourriture presque au niveau de la table, les bras sont écartés. Germaine le regarde désolé et sait bien dans son for intérieur qu’il n’y a plus rien à faire de ce côté-là tout au moins.

    En face, les enfants se tiennent mieux que leur père.
    Le midi, ils mangent à la cantine et ce n’est pas Mme Lecuyer ou Mme Aurioux qui tolèreraient qu’ils se tiennent mal à table, même à la cantine.

    Germaine se réserve la carcasse du lapin. Elle se sert toujours la dernière. Comme dessert, elle a fait du riz au lait pour elle et les enfants, quelques fois la Grand-mère en prend. Le père finit toujours son repas avec un morceau de fromage et un verre de vin rouge. Après s’être curé les dents avec une allumette taillée avec son couteau? Il l’essuie couteau en frottant la lame de chaque côte sur la serviette.  Puis, il le referme, la claque d’un petit coup sec. Il remet le couteau dans sa poche, se lève et se dirige vers la porte.

    Il sort dans la cour comme tous les soirs pour aller soulager sa vessie. Il préfère la poésie du pipi au grand air, que le petit coin parfumé propre de Germaine.

    Ensuite, après avoir fermé la porte de l’écurie et de l’étable, il rentre et monte se coucher en criant bonsoir, faites de beaux rêves.

    Il se lève tôt, tous les matins à cinq heures, et ne traîne jamais le soir. La télévision ne l’intéresse pas, il ne regarde que les informations et le football. La grand-mère attend son feuilleton favori. Les enfants finissent leur devoir, ils se couchent tous les soirs vers vingt et une heures.

    Quant à  Germaine, il lui reste la vaisselle à faire, et la maison à ranger. Demain pour elle aussi la journée commence à cinq heures et tout doit être prêt.

    Vers minuit la grand mère éteint la lumière et monte dans sa chambre, il y a bien longtemps que tout le monde dort. Tous les soirs Germaine embrasse ses enfants avant d’aller dormir.

    Elle dit à Pierrot  : «  N’oublie pas ce que t’as dit ton père, demain n’allez pas traîner vers la château, c’est dangereux  ».
    Mais oui maman répondent les enfants. Et tout le monde s’endormit.

    A suivre

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  • Le chef aux écrevisses toile du XVIII e


    Les écrevisses s’écrivent au féminin


    L’astacus leptodactylus Eschsholz, 1823


    Il vit en Russie, dans les fleuves et bassins de la mer Noire et Turquie. C’est une écrevisse à pattes grêles qui vit dans des eaux calmes propres faites de fonds sablo-vaseux bien oxygénés des fleuves, étangs ou lacs. On le trouve sur les marchés français, car on en importe 250 tonnes chaque année pour notre consommation. Malheureusement, ils sont de plus en plus petit et quasiment que des mâles les femelles étant préservées pour la reproduction.

    Les écrevisses font partie de l'ancien groupe des reptantia et sont classées dans le sous-ordre des pléocyémates, le sous-ordre des astacidés et la famille des astacidés.

    D'un aspect général robuste, leurs péréiopodes, les premières pattes sont très développées avec une forte pince, on les appelle les pattes ravisseuses.

    Le corps, le tagme est divisé en deux parties : le céphalothorax , la tête ou céphalon et thorax ou péréion et l'abdomen.

    Si on considère ou non la première paire d'antennes comme appendices, interprétation contestée, on peut distinguer 18 à 19 paires d'appendices.

    En commençant par la partie antérieure de la tête, le protocéphalon, on observe des yeux pédonculés et les deux paires d'antennes en appendices 1 et 2. 

    Le gnatothorax avec les segments portant les mâchoires de 3 à 5, les pattes-mâchoire de 6 à 8, 7 et 8 portant des branchies, et les pattes ambulatoires de 9 à 13, les trois premières portant des pinces et les quatre premières des branchies.

    L'abdomen avec les segments de 14 à 19 possède six paires de pattes abdominales ou pléopodes soit une paire par segment.

    Les deux premiers pléopodes sont modifiés chez le mâle en organe copulateur, les gonopodes, tandis que chez la femelle, la première paire est réduite et les quatre suivantes servent à porter les œufs.

    La dernière paire de pattes abdominales les uropodes du segment 19 est élargie en nageoire et forme l'éventail caudal avec le telson.

    Cette description anatomique d'une écrevisse est valable, à part quelques spécificités de différents décapodes.

    Les écrevisses vivent principalement en eau douce, ils se tiennent pendant la journée dans des terriers qu'elles ont creusés dans le sable.


    Elles ne sortent que la nuit pour chercher leur nourriture animale et végétale.

    Lors des périodes hivernales, elles restent cachées dans leur terrier et ne se nourrissent quasiment pas.

    La majorité des écrevisses ne peut survivre qu'en eau propre, non polluée, bien que certaines espèces soient peu difficiles et se contentent de conditions de salubrité plus ou moins bonnes comme les Orconectes limosus.

    C'est pourquoi, l'accroissement de la pollution, ainsi qu'une pêche intensive et le braconnage menacent continuellement les espèces les plus fragiles et moins nombreuses.

    Il faut savoir que la pêche à l'écrevisse n'est autorisée qu'aux détenteurs de permis de pêche et seulement 15 jours par an, selon les régions, en respectant les juvéniles et les femelles grainées.

    Par ailleurs, de nombreux parasites tels que sangsues, trématodes, sporozoaires..., s'y attaquent et font mourir certaines espèces.

    On a pu observer une mycose due au champignon Aphanomices astaci, qui a entraîné entre 1878 et 1890, l'épidémie des écrevisses appelée la peste de l'écrevisse.

    Elle les menace encore de temps en temps. Par conséquent, les écrevisses autochtones sont devenues extrêmement rares.

    Dans les années 1990, des tentatives d'introduction d'écrevisses américaines en Europe ont eu plus ou moins de succès.

    Celle des Orconectes limosus, l’écrevisse américaine commune fut une erreur puisque peu fragile, elle envahit les cours d'eau au détriment des autres espèces, elle est par conséquent interdite désormais dans de nombreux pays européens.

    L'introduction d'autres espèces, bien qu'interdites en France telles que la Procambarus clarkii ou l’écrevisse rouge de Louisiane, dont il faut limiter l'extension, la Pacifastacus leniusculus, l’écrevisse signal, écrevisse de Californie qui s'avère être intéressante pour le repeuplement des rivières.

    On peut noter l'introduction illégale et rare d'écrevisses exotiques australiennes et malgaches mais jamais réussie en France, dont la survie est exceptionnelle.

    Systématiques et généralités sur les crustacés décapodes dont font partie les écrevisses. Les décapodes

    Les crustacés appartiennent :




     - à l'embranchement des arthropodes caractérisés par leur tégument recouvert d'une cuticule, une croissance uniquement au moment des mues (voir les exuvies de la collection) et des appendices articulés ;
     - au sous-embranchement des antennates ou mandibulates, caractérisés par les appendices céphaliques formant 3 ou 5 paires de pièces buccales, dont l'une est modifiée en mandibules, et par la présence d'antennes ;
     - à la classe des malacostracés ;
     - à la sous-classe des eumalacostracés ;
     - à l'ordre des décapodes.

    Les décapodes sont les seuls animaux de la super-classe des crustacés représentés au Muséum de Perpignan.

    Ils regroupent un grand nombre d'espèces qui offrent une grande variabilité morphologique( les crevettes, langoustes, écrevisses, pagures, crabes) éthologiques et écologique ( espèces marcheuses, nageuses, marines, terrestres, d'eau douce, cavernicoles).

    Ils se distinguent des autres crustacés par la présence d'une carapace qui recouvre la tête et le thorax ainsi que latéralement, la chambre branchiale.

    Les décapodes étaient autrefois scindés en deux grands groupes : natantia et reptentia.

    Aujourd'hui, les décapodes sont classés dans deux sous-ordres dont la distinction se fait par la morphologie des branchies :

     - Les dendrobranchiates
     - Les pléo-cyémates.

    L’astacus astacus selon Linné 1758
    Ecrevisse à pieds ou pattes rouges

    Elle vient en Europe centrale et on la retrouve en Scandinavie, dans les Balkans, en Russie et en Italie jusqu’à la plaine du Pô. Cette espèce vit dans les eaux calmes ou à courant lent, sur fond vaseux et se tient dans les trous des berges où les racines des arbres lui offrent des possibilités d’abris. Les femelles pondent leurs œufs dans la seconde moitié de novembre et ils éclosent en juin et en juillet.
    On les trouve de plus en plus difficilement sur les marchés français mais importance économique est quand même excellente. L’écrevisse à pattes rouges est recherchée par la gastronomie car sa chair est excellente et possède des saveurs sauvage très recherchées par les amateurs. L’écrevisse est d’un prix élevé.

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  • LA PINTADE, OISEAU AFRICAIN.
    NOTRE PINTADE, GUINEA-FOWL, FARAONA, OU OISEAU NÈGRE !

    S'il est un oiseau mal connu, la pintade est bien celui-là... Je ne parle pas de la volaille à rôtir, mais de l'oiseau africain compagnon des premiers hommes sur cette terre qui à vue naître l'Humanité.

    Au moment de la reproduction, ce sont des centaines d'oeufs que l'on ramasse dans les nids posés au sol.


    L'oeuf de pintade est délicieux.

    Étrange destin, cet oiseau connu et exploité par l'homme depuis toujours n'a jamais accepté sa domestication.

    Il nous apparaît aujourd'hui exactement semblable à ses ancêtres des millénaires passés. 
   

    C'est cette histoire que raconte  "L'Oiseau nègre, l'aventure des pintades dionysiaques", avec une préface d’Ernest Pignon Ernest.
Le nom italien de la pintade, c’est faraona.

    Il désigne la vallée du Nil comme la patrie d'origine de cet oiseau, et le nom anglais, les côtes de Guinée. Il y en a d'autres plus énigmatiques encore.


    La poule aux mille perles.
    Bonne nouvelle, "L'Oiseau nègre" réédité, a été revu et augmenté Éditions Imago. Ce livre est à ce jour le seul ouvrage qui traite de la pintade sous tous ses aspects, origines, mythologie, légendes, etc.

    Derrière la simple pintade de nos campagnes se cache un oiseau mythique bien méconnu.

    Tout au long d'une étonnante enquête, Jean-Marie Lamblard nous révèle combien les liens entre l'« oiseau aux mille perles », témoin d'un ailleurs lointain et notre culture, sont complexes et immémoriaux.

    Voici la préface d’Ernest Pignon-Ernest

    En infatigable voyageur épris de l'oiseau de paradis, il en retrouve la trace dans l'écriture sacrée des tombes égyptiennes, dans la légende grecque de Méléagre, dans les mosaïques byzantines, en Syrie, en Turquie, en Jordanie, au Maghreb ou chez les peintres du Quattrocento.

    Et de la terre africaine aux mystères vaudous, des Métamorphoses d'Ovide à la Légende dorée, de Shakespeare à Gide, le banal sujet de nos basses-cours se charge de mystère.

    Il redevient l'Oiseau nègre, jadis venu d'Afrique et souvent associé à la lutte contre l'esclavage, le messager d'une autre rive, un authentique symbole de l'éternité et de l'invisible.

    La pintade figurée, originaire d'Abyssinie probablement, (Numida ptilorhyncha) représente l'oiseau du Paradis, elle indique la promesse de résurrection... 
  

    Merveille de la Toile, depuis que la Pintade se promène sur Internet, des correspondants viennent enrichir notre recherche :

    Cette miniature nous a été signalée par Baudoin Van Den Abeele de l'Université de Louvain.

    Et, page 169 du livre, le dessin du tesson de céramique de Basse-Nubie à Méroë nous a été envoyé par Sydney H. Aufrère de l'Université de Montpellier.

    Un autre bol décoré d'une frise de pintades, provenant de Sédeinga au Soudan, se trouve au Louvre, il daterait de 200 de notre ère environ.   
    Jean Jouanaud, de l’Université à fait parvenir le texte d'un "Voyage au Ouaday" par le Cheikh Mohammed Ibn-Omar El-Tounsy, traduit en français en 1851, où il est question de cadeaux d'ambassade, constitués d'oeufs de pintades ramassés par les paysans de cette contrée de l'Afrique de l'est.

    Il est utile de connaître ce texte pour comprendre l’évolution de l’animal
    Ce sont des milliers d'oeufs, plus de cent charges de chameaux, dit l'auteur, qui sont chaque années offerts au Sultan du Ouadây, lequel en gratifie sa clientèle jusque dans la vallée du Nil.     
   

    Nouvelle confirmation de la thèse sur le rôle de la pintade dans les ressources alimentaires de certains pays africains.

    Avant la raréfaction des pintades, au printemps, leur ponte abondante "tombait" comme une manne miraculeuse !
   

    Ernest Pignon-Ernest auteur de la préface et des dessins

    Mais la pintade avec son côté bavard incita des auteurs ou des jurnalistesà la brocarder.

    « La pintade, c'est la femme d'aujourd'hui : industrieuse, bavarde, fardée, indocile... »
    Auteurs d'une chronique amusante et mordante sur la vie des New-yorkaises, Layla Demay et Laure Watrin, deux journalistes françaises, ont répondu à des questions au cours d'un chat en direct de New York le   30/11/2004.  C’est peut cà le succès, mais nous la préférons dans notre assiette.

    Histoire de la pintade
    La pintade fait partie de l’ordre des gallinacés, aux côtés notamment de la poule, la caille, le faisan, etc.

    Elle trouve son origine en Afrique, où on la rencontre encore parfois à l’état sauvage.

    Elle est connue depuis 2000 ans.

    Elle tient son nom actuel du portugais « pintado », qui signifie « bigarré ».

    Ce nom lui a été attribué en référence à ses plumes grises tachetées de blanc.

    La pintade est abattue au bout de 77 jours minimum, au bout de 94 jours pour les volailles Label Rouge.

    Il est préférable de consommer des pintades fermières, qui sont issues de productions de qualité.

    De nombreux élevages sont certifiés Label Rouge :

    Une pintade sur cinq possède ce label.

    Celui-ci garanti une alimentation constituée essentiellement de céréales et de matières végétales, une faible densité de volaille au m² et un élevage en plein air.

    L’élevage de la pintade est particulièrement développé en France. La production française de pintade s’élevait à 33 000 tonnes en 2005.

    Nous sommes ainsi les premiers producteurs de pintade en Europe.

    Le caractère sauvage de cet oiseau le rend pourtant parfois difficile à élever, car cela lui donne un caractère agressif, mais très peureux.

    La pintade possède d’excellentes qualités nutritionnelles

    La pintade possède des qualités nutritionnelles très intéressantes. Elle est tout d’abord peu calorique, puisque 100 grammes de viande cuite n’apportent que 155 calories.

    Elle fait par ailleurs partie des viandes les plus maigres, avec seulement 5 % de matière grasse.

    Ces graisses, les lipides ont 6,4 grammes pour 100 grammes de viande.

    Elles sont par ailleurs essentiellement constituées d’acides gras insaturés, qui ont des effets bénéfiques pour le corps, en particulier pour la santé cardiovasculaire.

    C’est ainsi un aliment pauvre en cholestérol.

    La pintade est la volaille qui renferme le plus de protéines :
    23 grammes pour 100 grammes de viande.

    Cet apport est important car les protéines sont indispensables pour la construction et la réparation des cellules de l’organisme.

    Le fer est également présent en quantités intéressantes  de 2,5 milligrammes pour 100 grammes de viande, qui peuvent vous éviter d’avoir des carences.

    Cet aliment fournit par ailleurs de bonnes quantités de vitamines et minéraux.

    Parmi ces minéraux, le magnésium permet de préserver l’équilibre nerveux et musculaire.

    La pintade apporte par ailleurs 153 milligrammes de phosphore pour 100 grammes de viande.

    Mais elle vous procure également un apport en vitamines, du groupe B en particulier.

    Celles-ci contribuent à l’utilisation des sucres, des protéines et des lipides par votre organisme, pour fournir aux muscles l'énergie dont ils ont besoin.
     
    Conservation de sa viande
    La pintade se conserve mieux que les autres volailles, car sa chair est plus ferme, en particulier quand elle est abattue à maturité.

    Elle peut être conservée pendant 8 jours au réfrigérateur, et jusqu’à 18 mois au congélateur.

    Il faut toujours veiller à ce que la pintade soit séparée de ses abattis avant de la mettre au réfrigérateur, car cela nuit à sa conservation.
     
    Choisir une bonne pintade
    Pour choisir votre pintade, vérifiez la couleur de sa peau :

    elle doit être de couleur orange-brun. Le poids, pour une pintade entière doit se situer entre 1,2 Kg et 1,6 Kg.

    Comptez environ 150 grammes par personne.

    Préférez une pintade fermière, qui vous révélera mieux les qualités gustatives de cette volaille.

    Elle est vendue en découpe, entière ou effilée, c'est-à-dire découpée en tranches très fines.

    Vous pouvez l’acheter aussi bien en frais qu’en surgelé.

    La pintade se prépare de plusieurs manières.

    Vous pouvez tout d’abord la rôtir au four.

    Elle se prépare également à la cocotte, braisée,couvercle fermé ou sautée dans un sautoir, sans couvercle.

    Au four comme à la cocotte, il faut compter 25 minutes de cuisson pour 500 grammes de viande.

    Prolongez un peu ce temps de cuisson si la pintade est farcie.

    Elle est également délicieuse en fricassée, ou encore grillée au barbecue.

    Il faut éviter de faire cuire la pintade trop longtemps, en particulier au four, sinon sa viande se dessèche.

    Pour éviter cela, vous pouvez déposer un petit bol contenant de l’eau, à côté du plat dans le four.

    Il est également bon d’arroser la pintade deux ou trois fois avec son jus pendant la cuisson.
    Pour les fêtes de Noël, vous pouvez varier votre menu en choisissant un Chapon de Pintade, qui est vendu en prêt à cuire.

    Voici maintenant un aperçu de cet échantillon culinaire

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