• Jour 5

    Un seul vigneron à visiter ce matin : le domaine de Ravanès, découvert grâce à Eric Reppert. J’avais acheté quelques bouteilles de Gravières du Taurou 2000, que j’avais beaucoup aimées. J’avais lu aussi quelques jolies choses sur L’ille, issu d’Ugni blanc en surmaturité. Enfin voilà, plein de petites raisons pour y faire un tour…

    C‘est Marc Benin, fils du créateur du domaine, œnologue de formation, qui nous accueille. J’ai la bonne idée de parler d’Eric Reppert, ça crée tout de suite un lien qui détend l’atmosphère et incite à ouvrir queques bouteilles supplémentaires.

    Nous commençons par une nouveauté :

    Renard Blanc 2004
    Vieilles vignes de grenaches gris  à 70% et blancs à 30% appartenant à un certain Monsieur Renard. Robe assez pâle. Nez de pêche, melon et vanille  Bouche ample, goûteuse, bcp de fraîcheur, belle finale sur la pêche blanche. Bon vin, mais sera certainement meilleur dans quelques années.

    Chapître 91
    Vendange tardive d’Ugni blanc vinifiée en sec et sa robe or cuivré, nez d’épices, de safran, banane séchée et de noix, la bouche est envahie de saveurs finement oxydatives, avec une prédominance de noix et de fruits secs, la finale est longue et épicée…

    Rosé 2004
    60% cinsault, 40% merlot et sa robe rose pâle, bouché légère, rafraîchissante, arômes de petits fruits rouges… Sympathique et réussie.

    Merlot 2002
    Elevage cuve , vin au nez de truffe, légèrement animal, avec des notes de bourgeons de cassis. Bouche imposante, riche, mais finit sur des tannins un peu sévères. A attendre 

    Merlot 98 ouverte pour montre l’évolution
    Nez de truffe, épices et cuir, bouché ample, aux tannins arrondis, arômes de mûre et de cassis. Belle fin de bouche. Bon, très bon vin.

    Cabernet 98
    lEevé en cuve au nez de cassis, rose, et épices. Bouche d’une grande intensité, mais les tannins sont un peu trop dur en fin de bouche à mon goût. Dommage.

    Diogène 97, 70% Merlot, 30% petit verdot : nez fruits mûrs, épices, tabac blond. Bouche soyeuse, assez capiteuse, belle complexité, jolie finale. Bon vin à boire de suite.

    Gravières du Taurou 99
    Le vin qui écrasa Petrus lors d’une dégust à l’aveugle en Angleterre, 100% merlot et son nez puissant, riche, épices fruits noirs, cèdre. Entrée de bouche majestueuse, mais le reste ne suit pas : un peu trop monolithique besoin de carafage ? et fin de bouche asséchante. A attendre ?

    Prim’Verd 99
    100% petit verdot au nez sur la banane séchée, le tabac blond et les raisins secs. Bouche ample, riche, exotique, complexe. Tannins en final un peu durs. Vin surprenant et bon.

    L’ille 98
    liquoreux d’ugni blanc et sa robe or intense, nez de caramel, de pêche, figue, épices. Bouche soyeuse, intense, avec une certaine fraîcheur. Très belle finale. Très bon vin.

    Au final, des vins hors des sentiers battus, mais on aimerait qu’ils aient un p’tit quelque chose en plus pour crier au génie. Intéressant, en tout cas…

    Marc Benin nous conseille un resto sur la route qui nous mène à Faugères : Ze Boucherie of Magalas, tenue par le boucher de Magalas. Nous suivons son conseil…

    La déco est hyper kitsch, frôlant le surréalisme, d’autant plus étonnante dans un petit village du Languedoc. Etant sûrs de la qualité de la viande, nous tentons tous les deux un carpaccio de bœuf qui s’avérera excellent, accompagné du vin du mois "le vin de Lio" du domaine du puis d’un certain Pugibet un rapport avec la Colombette ?. C’est très sympa, style p’tite bombe fruitée du Languedoc. La bouteille se descend à une vitesse faramineuse….

    Il est 15h00. Nous avons rendez-vous avec Didier Barral à 16h00. Nous profitons de cette petite heure pour visiter le nouveau caveau de dégustation de la Tour Pénedesses lui aussi découvert grâce à vinsetonnant.com.

    Le caveau en pierre est très joli. On y découvre la gamme impressionnante élaborée par Alexandre Fouque, bouillonnant oenologue champenois débarqué il y a 5 ans dans le Languedoc. Une jeune femme, aimable et compétente, nous invite à la découvrir… On commence par les blancs :

    Cuvée Antique 2003
    MMIII, devrais-je dire ? Marsanne, viognier, terret : nez très floral de rose, chévrefeuille et miellé, bouche fraîche, aromatique. Très agréable

    La perle blanche 2002
    Chardonnay 2/3 , sauvignon 1/3 au nez de fleurs et agrumes, bouche fraîche, vive sur le pamplemousse rose. Très sympa.

    Viognier 2002
    Nez de pêche, fleurs blanches et violette, belle puissance en bouche, associée à une grande fraîcheur, très aromatique, belle et grande persistance. Bon vin.

    Muscat sec 2003
    Nez ananas, rose, pamplemousse ; belle vivacité en bouche, très aromatique. Très agréable.

    On passe aux rouges :
    Faugères 2003
    20% grenache, 40% syrah, 20% mourvèdre, 20% carignan : robe sombre, nez de myrtille, épices et vanille, bouche souple, mûre, aromatique, bonne persistance. C’est bon !

    Carignan noir
    Vieilles vignes de 40 ans en surmaturité sur schistes : nez très mûr (banane séchée, épices), bouche capiteuse, riche, très épicée, finale un peu dure. Etonnant, mais certainement difficile d’en boire plusieurs verres…

    Les volcans 2001
    Syrah, mourvèdre, carignan et grenache sur volcan de basalte : nez très syrah, épices, poivre, fruits noirs, bouche voluptueuse ; tannins veloutés, myrtille, poivre, finale épicée. Miam !

    Cuvée Antique 2001, 9 cépages sur 5 terroirs : nez ultra mûr, réglisse et fruits noirs , bouche moelleuse, très riche, tannins présents mais assez bien fondus, bonne persistance. Que c’est bon !

    Clos pénédesses « montée des grès » 2001
    Grenache 90%, counoise 10% (vieilles vignes en terrasses au nez cerise noire confite, chocolat, épices, bouche moelleuse, belle amplitude, fin de bouche un peu tannique sur des arômes de cacao en poudre. Très beau, mais à attendre.

    Clos de Magrignan 2003, dominante syrah sur schistes : nez de fruits noirs mûre, myrtille, caramel, épices, vanille, bouche riche, très ample, aux tannins fondus. Encore un peu jeune, mais somptueux !

    C’est pas tout, mais l’heure est quasiment passée… Nous devons allez chez Barral.

    Nous voici arrivés devant des bâtiments modestes dans un hameau. On ne sait pas trop à quelle porte frapper. On en essaie une : personne… De l’autre côté de la rue, une porte s’ouvre, et on voie une personne d’une quarantaine d’année dire au revoir à un couple.

    Nous allons le voir : c’est Didier Barral. Il est très chaleureux et nous invite à passer au chai de vinification. A peine entrés, quelqu’un frappe à la porte, Didier ouvre, ce sont trois personnes en tenue de cycliste qui aimeraient acheter du vin.

    Il leur répond qu’il n’a rien à vendre, qu’il peut leur donner des adresses de distributeurs. Les cyclistes demandent alors ce que nous, nous faisons là ?

    Il répond : eux, ce sont des passionnés qui viennent visiter le domaine. Ils peuvent se joindre à nous, mais ça va durer 2 à 3 heures... Mine effrayée des cyclistes…

    Didier leur dit que s’il veulent acheter du vin, ils peuvent aller chez Louison, juste à côté où ils ont du vin à vendre…

    Pour démarrer la dégustation, Didier nous propose son dernier:

    Terret 2004
    Nez de paille coupée, de beurre frais, de fleurs blanche et une pointe de violette, vin d’une grande fraîcheur en bouche, aromatique, fin de bouche correcte. Vin agréable.

    Puis il nous remplit les verres directement des cuves. Le premier vin servi est fruité, friand, gourmand. C’est un assemblage cinsault-grenache 2004.

    Il nous sert un deuxième verre. C’est très sombre : nez de fruits noirs, de benjoin, d’épices et de goudron. C’est très riche en bouche, assez soyeux, tannins assez doux. J’aime beaucoup. C’est le carignan 2004… Décidément, ce cépage aura montré de multiples visages pendant cette semaine..

    Un troisième verre : bombe de fruit, grande intensité, tannins bien présents en finale. C’est le cinsault-grenache 2003. Très sympa.

    Bon, c’est pas tout, dit Didier, mais on va sur le terrain maintenant… Nous traversons le hameau et observons des vignes.

    "Voyez, là, ce sont les miennes, en godet, plantées de telle façon que l’on puisse labourer dans les trois directions, haut en bas, droite à gauche, en en diagonale. Ca évite le ravalement et on travaille l’intégralité du sol. En face, vous avez des vignes comme il s’en fait de plus en plus sur Faugères.

    Elles sont palissées, ce qui fait que vous labourez toujours dans le même sens, et ce n’est pas bon. Ici ça va encore, elles sont orientées Nord/Sud : elles ont du soleil toute la journée, mais vous en avez qui sont orientées Est/Ouest avec un côté Nord qui ne voit jamais le soleil… Une catastrophe… Les tracteurs, c’est pas bon non plus, ça tasse les sols, qui ne respirent plus, et empêche l’eau de pénétrer. C’est pour ça que j’utilise des chenillettes. Je vais vous montrer… »

    Direction le hangar technique, où nous découvrons une collection unique de matériel viticole sur chenillette. Il y a même des chenillettes surélevées de fabrication maison afin de labourer en diagonale sinon, elles ne passeraient pas. Etonnant !

    3our les engrais j’ai tout essayé, y compris le fumier… Pas terrible… Ca se décompose mal, car il y a un mélange urine/bouse et ça ne fait pas bon ménage.

    Le mieux, c’est que la bête fasse directement ses besoins dans la vigne, car elle ne fera les deux au même endroit. On va prendre ma voiture… Je vais vous montrer… ». Et nous montons tous les trois dans la 2CV Charleston.

    Après 1 ou deux kilomètres, nous arrivons dans un champ où paissent tranquillement une demi-douzaine de vaches jersiaises, quelques chevaux et deux ânes.

    Voilà mon troupeau qui alimente ma vigne en engrais. Je les déplace au fur et à mesure des besoins, avec la clôture électrique. A partir du printemps, je les déplace dans les prés que je possède.

    Trop dangereux de les laisser dans les vignes… Les vaches font de la bonne viande. Des veaux partent régulièrement à l’abattoir… J’envisage d’avoir aussi des moutons, leurs déjections sont également intéressantes pour enrichir le sol… »

    Retour au domaine. Là, nous allons au chai à barriques, où nous commençons à déguster pas mal de barriques. Je n’ai pas noté ce que nous avons dégusté, mais c’était d’une qualité très impressionnante, d’autant plus que l’ensemble n’a pas vu un gramme de SO2…

    En bouquet final, nous goûtons une barrique de mourvèdre qui composera Valinières 2004 : puissance, somptuosité, frâicheur. Une merveille !!!

    La visite s’achève : elle aura duré deux heures et ½. Nous n’avons pas vu le temps passer, car ce fut passionnant, vivant, humain…

    Nous repartons ce soir là avec des petites étoiles dans les yeux…

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